Champ de Bataille

La destruction de Friesoythe

Allemagne

Favoris

Partager

Itinéraire

En avril 1945, les troupes canadiennes combattant dans le nord de l'Allemagne se heurtent à une résistance féroce dans la petite ville de Friesoythe. Ce qui n'était au départ qu'une bataille tactique s'est transformé en l'un des épisodes les plus controversés impliquant les forces canadiennes en Europe.

Friesoythe, située au sud du canal de Küsten en Basse-Saxe, se trouvait sur le chemin de la 4e Division blindée canadienne qui avançait vers Oldenburg. Le 13 avril 1945, des patrouilles canadiennes s'approchent de la ville, qui est défendue par des parachutistes de la 7e division allemande Fallschirmjäger. Bien que la guerre soit manifestement perdue pour l'Allemagne, les défenseurs se battent avec détermination, ouvrant la voie à un affrontement meurtrier.

Le 14 avril, les Argyll and Sutherland Highlanders du Canada lancent un assaut frontal. Les premiers rapports faisaient état d'une résistance limitée, mais les Canadiens se sont rapidement retrouvés engagés dans un combat maison par maison. Les troupes allemandes ont fortifié les bâtiments et les tirs de mitrailleuses et de snipers se déversent dans les rues. Au cours des combats, le lieutenant-colonel Frederick Wigle, commandant des Argylls, est tué près de son quartier général tactique - apparemment lors d'une contre-attaque surprise, bien qu'à l'époque on ait cru qu'il avait été abattu par un civil.

Sa mort a profondément choqué le commandement de l'unité et de la division. Dans un moment de colère et de frustration, le major-général Christopher Vokes, commandant de la 4e Division blindée canadienne, donne l'ordre de détruire la ville de Friesoythe. Il avouera plus tard : "Je leur ai dit de raser cette foutue ville... c'était une leçon que je pensais que les civils de Friesoythe méritaient d'apprendre."

Les troupes canadiennes, déjà épuisées par des semaines de combats intenses, exécutent l'ordre rapidement et minutieusement. Les bâtiments sont incendiés à l'aide de lance-flammes, d'essence et de bombes au phosphore. À la fin de la journée, 85 à 90 % de Friesoythe n'étaient plus que des décombres. La destruction a été si importante que les ingénieurs canadiens ont ensuite utilisé les débris de la ville pour combler les cratères des routes avoisinantes, permettant ainsi aux chars et aux camions de ravitaillement de poursuivre leur avancée.

La destruction de Friesoythe reste un chapitre sombre. Bien que de nombreux civils aient déjà fui, certains ont été pris dans la destruction. Les rapports indiquent qu'environ 20 civils allemands - des locaux et des habitants des villages voisins - ont été tués pendant les combats ou les incendies qui ont suivi. Il n'existe aucune trace claire d'une enquête officielle, et l'incident a été largement omis dans les récits de guerre officiels du Canada.

D'un point de vue stratégique, la destruction de Friesoythe a permis d'ouvrir la voie au canal de Küsten, dernière barrière avant que les forces canadiennes ne s'enfoncent plus profondément dans le nord-ouest de l'Allemagne. Aujourd'hui, Friesoythe a été reconstruit et il ne reste que peu de traces physiques de la dévastation. Pourtant, les événements d'avril 1945 suscitent encore des débats. La destruction était-elle un acte de guerre nécessaire ? Ou une réaction émotionnelle à la mort d'un officier respecté, perpétrée dans une ville essentiellement civile ?

Adresse

Kirchstraße 2-4, 26169 Friesoythe