La libération de Boulogne-sur-Mer par les Canadiens n'est pas seulement une victoire militaire, c'est aussi un défi logistique. Le port, l'un des plus importants de la côte française, pouvait servir de plaque tournante pour l'approvisionnement des Alliés. Cependant, lorsque les forces canadiennes s'emparent de la ville le 21 septembre 1944, elles constatent que le port est gravement endommagé.

Avant leur reddition, les forces allemandes avaient systématiquement saboté le port, le rendant inutilisable. Les quais ont été détruits, les grues démolies et les infrastructures dynamitées. La Wehrmacht en retraite cherchait à s'assurer que les Alliés ne pourraient pas rapidement réaffecter les installations à leur chaîne d'approvisionnement. En conséquence, bien que les Canadiens aient pris le contrôle total de Boulogne, sa valeur stratégique est restée temporairement nulle.

Les efforts pour restaurer le port commencent immédiatement. Les ingénieurs évaluent l'étendue de la destruction, tandis que les équipes logistiques s'emploient à déblayer les débris et à reconstruire les infrastructures vitales. L'une des réparations les plus cruciales a consisté à rétablir l'oléoduc sous-marin qui reliait Boulogne à l'approvisionnement en carburant du Royaume-Uni. L'oléoduc a finalement été réactivé le 10 octobre, fournissant le carburant nécessaire à l'avancée des forces alliées.

En raison de l'ampleur des dégâts, Boulogne n'est jamais devenu le grand centre d'approvisionnement initialement prévu. Bien que partiellement opérationnelle à la mi-octobre, la destruction avait considérablement réduit sa capacité. À cette date, Anvers et d'autres ports s'imposaient comme les principaux centres logistiques, ce qui limitait l'importance stratégique de Boulogne.

Malgré ces difficultés, la prise et la restauration partielle de Boulogne-sur-Mer ont contribué à soutenir la poussée des Alliés en Belgique. La libération de la ville a également permis d'éliminer un important bastion défensif allemand sur la côte de la Manche, protégeant ainsi davantage la région des contre-attaques ennemies. Bien que son port n'ait jamais atteint sa pleine fonctionnalité en temps de guerre, sa réouverture a marqué un pas en avant en assurant la stabilité des lignes de ravitaillement des Alliés dans la dernière phase de la guerre.